Appelé aussi le deuxième cerveau, le ventre est un territoire à la fois fort et fragile. A l'intérieur de cette cavité abdominale habitent des organes mous (foie, vésicule, intestins, rate, pancréas...), des "viscères", mot dérivé du latin "viscus" qui désigne la chair, substance symbolique des émotions et des passions.
Il existe 3 catégories de viscères, différenciés par leur localisation corporelle. Le cerveau que l'on trouve dans la boîte crânienne qui appartient au monde du Feu, le coeur et les poumons dans la cage thoracique liés au monde de l'Air et les viscères abdominaux liés au monde de l'Eau.
Si on reprend chacun de ses éléments, on comprend déjà un peu mieux les enjeux (en je) !
Le monde du Feu questionne sur les idéaux et le contact direct avec la toute puissance de la conscience Universelle, le Grand Tout, la transcendance, celui de l'Air nous questionne sur celui du monde des relations, des échanges avec notre environnement (la respiration étant le premier des premiers échanges) et enfin celui de l'Eau, sur celui des sentiments qui sont mis en mouvement par les émotions. En d'autres termes, le Feu transforme, l'Air communique et l'Eau frémit !!!! Le feu mis sous l'eau donne l'Air en frémissant ....
Les 8 viscères du ventre représentent autant de manières "viscérales" de servir la vie. Nous pouvons citer le foie lié à la joie, l'abondance, les reins pour ce qui est de l'engagement social, relationnel, les intestins servant l'intelligence émotionnelle, l'estomac qui participe à l'élaboration d'un "Je", le pancréas à la créativité, le duodénum qui participe à la neutralité bienveillante et la rate qui quant à elle vient participer au processus de transformation ...
Ce monde des eaux, invite le chercheur à descendre profondément dans sa vie intérieure en se mouillant pleinement afin de se connaître (con - naître , naître avec). Dans ce processus, plusieurs phases se présentent. La première, est de renouer autant que faire se peut avec l'énergie vitale nichée dans le chaudron pelvien "qui se tournait encore trop souvent vers l'extérieur", la seconde c'est de mettre en place une régénération en revenant vers soi-même afin d'établir une relation sensible à soi, à l'Autre et aux différents règnes de Dame Nature. C'est à ce moment précis que naissent alors, le développement personnel, le romantisme et l'écologie autant de domaines qui appartiennent à la Grande Déesse.
Nous sommes bel et bien dans le monde des eaux et l'eau permet un reflet, elle est un miroir naturel pour l'homme qui "se penchant au dessus du bassin .... se voit pour la première fois comme il paraît". Et c'est grâce ou avec ce "par-être" qu'il va doucement élaborer le chemin vers son "être", celui ci même qui réside dans son coeur.
Il ne s'agit pas pour autant de prendre "des vessies pour des lanternes" ! L'image du reflet peut être trompeuse ! Le mot "image" d'ailleurs, contient en son sein le mot "mage" et est l'anagramme du mot "magie" qui peut renvoyer à un monde d'illusions (processus d'involution) ou bien à celui de "pouvoirs spirituels mais dangereux", dans magie on entend "âme agit" !
Nos viscères nichés dans le ventre sont inter-reliés par une fine membrane, le péritoine, qui "comme un voile les rassemble". Cela signifie, que les mouvements de l"un sont ressentis par les autres, ils sont en lien, une inter-dépendance qui inaugure et signifie la présence effective d' une conscience collective ...
Tout comme il est entendu que "si une personne change vraiment, la totalité de son entourage se transforme de manière significative et que son environnement extérieur se modifie", c'est l'intérieur qui forme l'extérieur, et cela nous ramène à la théorie du 100 ème singe ou le battement d'aile du papillon.
Nos viscères dépendent du SNA (système nerveux autonome) évoquant ce sur quoi nous n'avons que très peu d'influence, aucun contrôle volontaire. Nous ne pouvons pas en effet contrôler le système de notre estomac ou réguler notre rate !
Le mot "tripes" est l'anagramme du mot "esprit" , comme un doux reflet, un miroir réfléchissant 2 formes de réalités, la sur-conscience et l'inconscient. Notre vie psychique, bien souvent inconsciente serait-elle un pâle reflet , une "pure mais déformée réverbération des essences spirituelles " (1) ? Entrer en conscience dans ce monde des viscères et vouloir en comprendre la symbolique profonde vient affermir le lien "naissant entre le nouveau moi et le monde spirituel, le monde d'en haut". D'ailleurs, la pathologie d'un de ces organes indique souvent un disfonctionnement entre les aspirations profondes de la personne, les demandes de son âme et ses propres habitudes trop alourdies par un passé ambitieux et conquérant (sur tous les plans) mis en place dans les membres inférieurs ou trop soumis à l'environnement familial, social et/ou professionnel.
Revenons à notre "abdomen", "AB - domaine", qui procède du monde de l'Abbé !
Le contenu de notre abdomen n'a-t-il pas la même fonction que le prêtre qui sert d'intermédiaire entre les hommes et leur dieu, ceci en étant l'intermédiaire entre les membres inférieurs et les réalités spirituelles dont "le coeur et la voûte crânienne gardent le secret !"(2). En d'autres termes, nos viscères sont autant de modalités, de "dieux/planètes" à notre disposition pour servir la Vie et ceci dans le domaine de l'Abbé.
Comment alors peuvent ils "réenchanter notre vie quotidienne" en lui donnant un surcroît de sens ? Prenons la peur, une peur dite "viscérales", une émotion qui peut être fort intéressante dans un processus d'évolution car elle enseigne le respect du monde extérieur "en sculptant les contours du moi ".
Pour accomplir cette difficile tâche qui est de servir la Vie, il faut l'homme passe par différentes phases pour avancer vers son "destin", son chemin. Il va inaugurer cette aventure par le processus de formation de sa personnalité avec les peurs qui l'accompagnent, va aller vers l'expression pleine et entière de ce qu'il est , toujours "tenté par la démesure au risque de se rêver homme-dieu et enfin il va entrer dans un processus de "soumission" aux demandes de plus en plus pressantes de son coeur (si il sait les entendre, les écouter vraiment) quand s'ouvre le passage (pas sage) de la porte du diaphragme avec, cependant, toutes ses résistances et refus !!! N'oublions pas qu'il s'agit d'une nouvelle naissance ....
Dans le processus "d'involution" le ventre est relié à la maternité et au monde de l'enfantement, de l'enfant de chair relié à la mère par le cordon, pour faire ensuite que le "moi" se déploie au contact des parents et de l'environnement proche. Dans l'autre sens, il s'agit d'un lieu d'affirmation avec au centre le nombril qui ne tient plus le rôle biologique de cordon mais devient le "Nom brille".
Est-ce aussi pour cela qu'il abrite le Hara, ce centre de pouvoir, non de l'ego mais du rayonnement plein et entier de Soi ?
Cette première partie s'achève avec ce "Nom Brille" afin que nous méditions dessus, que nous nous laissions relier à lui, cet espace qui inaugure notre Nom ...
(1) (2) - Luc Bigé - Les viscères